L’intelligence artificielle est-elle en train de brouiller les frontières de l’identité et du consentement ? Une vive polémique secoue actuellement l’un des pionniers de l’IA accessible au grand public. La voix extrêmement réaliste d’un chatbot d’OpenAI, GPT-4o, a suscité beaucoup d’indignation. Elle est perçue par nombre d’individus comme étant trop similaire à celle de l’actrice Scarlett Johansson. Serait-ce un vol de voix ?
Les démentis face aux « coïncidences » troublantes
L’actrice de renommée mondiale accuse OpenAI et son PDG, Sam Altman, d’avoir consciemment reproduit sa voix sans obtenir son accord. Cette accusation l’a conduit à solliciter un avocat dans le but d’obtenir des ajustements et une totale transparence concernant cette voix trop proche de la sienne.
« La voix de Sky n’est en aucun cas une imitation de celle de Scarlett Johansson », déclare OpenAI dans un post sur son blog. L’entreprise précise que cette voix a été développée à partir de celles de plusieurs actrices, restant toutefois anonymes.
Néanmoins, certains faits sont à considérer. En septembre dernier, Scarlett Johansson aurait reçu une proposition de Sam Altman visant à l’engager pour prêter sa voix au système ChatGPT 4.0. Dans un communiqué publié le lundi 20 mai 2024 en fin de journée, la star précise qu’Altman lui aurait dit qu’il pensait que sa voix pourrait réconforter les utilisateurs. Johansson aurait refusé cette proposition. Deux jours avant l’annonce officielle de la version 4o, Altman aurait réitéré son offre, mais l’actrice aurait, là encore, décliné.
Elle déclare ensuite : « Quand j’ai entendu la démo publiée, j’ai été choquée, en colère et incrédule que M. Altman ait conçu une voix aussi proche de la mienne que même mes amis les plus proches et les médias ne pouvaient pas faire la différence ». Pour aggraver les choses, après l’annonce de la dernière version de ChatGPT, Sam Altman a tweeté un seul mot : « HER ». Cette référence rappelle que Scarlett Johansson avait prêté sa voix au système d’intelligence artificielle dans le film éponyme.
Questions d’éthique et de droit à l’image
Cette affaire soulève des interrogations cruciales concernant l’éthique et le droit à l’image. Utiliser la voix d’une personne sans son accord présente des problèmes évidents, même si cette voix est générée par une intelligence artificielle. Il est néanmoins crucial de noter que, face à l’ampleur des accusations et notamment celles provenant de l’actrice elle-même, OpenAI a rapidement réagi en désactivant la voix Sky.
L’altercation entre Scarlett Johansson et OpenAI nous rappelle que l’innovation ne doit pas se faire au détriment de l’identité et du respect de la vie privée. Cela met en lumière le fait que l’intelligence artificielle ne relève pas uniquement de la technologie, mais également d’enjeux sociaux. Il est primordial de poursuivre le développement de l’IA tout en respectant les valeurs humaines et en s’assurant qu’elle soit au service du bien commun.